Du même auteur :
Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer
Paris, CNRS Éd., coll. Débats, 2009, 147 p.
Extrait :
"Informer n’est pas communiquer, voilà le titre de cet essai que Dominique Wolton commet dans le but de montrer pourquoi la communication est le vrai
défi du XXIe siècle. Après plus de trois décennies dédiées aux travaux sur la communication, le directeur de l’Institut des sciences de la communication (iscc)
du cnrs dénonce le stéréotype dominant selon lequel l’information est plus sérieuse que la communication et cette dernière se limiterait à la manipulation.
Aux yeux de l’auteur, cette idée erronée se serait imposée du fait que l’information et la communication sont inséparables de l’histoire de l’émancipation de
l’homme. En effet, la révolution de l’information, survenue au XIXe siècle, a permis la connaissance du monde et le développement de l’esprit critique.
Le XXe siècle s’est imposé comme celui du progrès technique. Le problème, dénonce le chercheur, est que, si d’une part, le progrès technique a permis de
sortir de la communication fermée et de multiplier les messages, d’autre part, il n’a pas augmenté la communication. En intensifiant la production et la
diffusion des messages, autrement dit l’information, les innombrables avancées techniques se sont développées au détriment de la communication, de la
relation avec l’autre. En conséquence, au cours du XXe siècle, l’information s’est imposée accentuant l’idée d’une communication automatique, rien de plus
dangereux pour le chercheur. Pour lui, la communication est plus complexe que l’information, car elle pose la question de l’autre. Définie comme la relation à
travers laquelle les êtres humains cherchent à partager, séduire et convaincre, la communication englobe l’information. Il n’y a pas d’information sans projet
de communication. En effet, nous sommes des êtres sociaux et non des êtres d’information. Pour cette raison, le progrès technique ne suffit pas à améliorer
la communication. En conséquence, Dominique Wolton estime nécessaire de « détechniser » la communication, de remettre à sa place la technique et de
comprendre que les progrès dans la production et la diffusion des informations n’ont de sens que dans la mesure où ils aident à construire la cohabitation
entre les sociétés dont les valeurs divergent. C’est cela la communication : cohabiter. « Informer n’est pas communiquer et communiquer n’est pas
transmettre » (p. 140). Ainsi, pour l’auteur, le défi de ce siècle est-il d’organiser la cohabitation pacifique de points de vue contradictoires où chacun veut
conserver son identité.
Ayant comme point central l’idée de la cohabitation, Dominique Wolton revient sur la place du récepteur devenu plus présent et participatif, grâce justement
aux progrès de la technique, notamment dans la communication médiatique via l’internet. Pourtant, avec l’internet, explique l’auteur, le rêve de la société du
direct, sans intermédiaires, s’impose facilement avec le risque de glisser d’une idée d’émancipation à une illusion propice au populisme. Mais la démocratie
n’est pas la suppression d’intermédiaires. Dans ce sens, l’« internet ne pourra pas être le nouveau moteur de la démocratie, car la question du pouvoir n’est
pas seulement une question d’information, mais de valeurs et de communication humaine » (p. 61)."
Bon, ok, j' arrête, je sors.
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